Holy field, holy war

De Lech Kowalski (Pol, 1h30) documentaire


Que voit-on à l'horizon de ce documentaire ? Pas grand chose, à part des champs polonais grisâtres et des gens au milieu qui tentent de cultiver cette terre souillée. De temps en temps, un camion passe pour distribuer des farines animales afin de nourrir les bêtes ; et parfois, l'image gronde et tremble, car pas loin, des forages sont entrepris pour trouver du gaz de schiste. L'idée d'évoquer cette menace invisible et souterraine en pistant à l'écran ses rares manifestations n'est pas forcément mauvaise ; elle est juste anti-cinématographique.

Les docus protestataires contre le gaz de schiste se multiplient sur les écrans en ce moment, mais cette prolifération alarmiste fait curieusement pâle figure quand on la compare avec une fiction comme Promised land de Gus Van Sant, qui en disait tout autant mais n'avait pas peur de le faire avec les moyens du divertissement hollywoodien. De fait, il n'y a qu'à mettre côte à côte la longue assemblée des riverains dans Holy field, holy war, et la même séquence chez Van Sant pour constater que Kowalski perd sur tous les terrains : celui du didactisme comme celui du plaisir de spectateur.

Christophe Chabert


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