Hip hip hip...


Créé en 1923, le Prix Albert Londres récompense chaque année le "meilleur" «Grand Reporter de la presse écrite». En 2012, un reportage du dessinateur Hippolyte, consacré aux enfants des rues de Kinshasa et publié dans la très approfondie revue XXI, figurait dans la liste de ses potentiels récipiendaires. Une première dans l'histoire de cette distinction prestigieuse. Elle pourrait bien ne pas rester sans suite avec la parution aux Arènes de La Fantaisie des Dieux, témoignage à quatre mains (les siennes au pinceau, celles de Patrick de Saint-Exupéry, co-fondateur et rédacteur en chef de XXI, au clavier) de l'atrocité du génocide rwandais d'une rigueur et d'une bonté qui font de plus en plus défaut au journalisme purement dactylographiée.

A l'heure où, à l'ombre des "festivités" du centenaire de la Grande guerre, on commémore le vingtième anniversaire de la tragédie africaine, cette réussite est d'autant plus magistrale que c'est d'ordinaire dans des registres aux antipodes de celui-ci que le style de cet illustrateur diplômé de l'école Émile Cohl, doucement onirique comme peuvent l'être certaines planches de l'Italien Gipi, est le plus éclatant : l'adaptation de roman (un Dracula à la carte à gratter magnifiquement expressionniste, un Maître de Ballantrae aux aquarelles dignes d'un musée de la marine), le polar social (Brako, tout aussi tendu mais beaucoup moins bas de plafond que la série homophone) et, récemment, la fable allégorique avec Les Ombres, récit d'exil forcé aux splendides relents "myiazakiesques" et "moëbiusiens".

Benjamin Mialot

Hippolyte

A la librairie Expérience, samedi 29 mars


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