Clinique du visage


Certains s'étonneront peut-être de découvrir à la galerie Domi Nostrae les visages peints de Vania Comoretti, si réalistes, si précis, presque saisis par un regard "clinique". La ligne artistique des lieux s'engage en général davantage vers des œuvres explorant la défiguration (Philippe Cognée, Christian Lhopital...). Mais comme l'écrit leur directeur, Fabrice Treppoz, «la peinture de Vania Comoretti nous semble d'autant plus profonde qu'elle ne cesse d'interroger la surface. Son œuvre évite deux écueils : l'hyperréalisme photographique de la peinture américaine qui glorifie l'apparence pour l'apparence, et l'idéalisme qui tend à embellir la réalité jusqu'à en donner une image édulcorée».

 

Par mises en série de visages, par fragmentations de leurs éléments (yeux, pupilles...), par variations de lumières, Vania Comoretti finit par rendre presque inhumain ce qui est au cœur de l'humanité : le visage donc. Du moins, la face et la surface prennent ici l'épaisseur d'un mystère, le complexité d'un agencement d'éclats de regard, de rides, de plis de peaux, de tensions de muscles et de nerfs... L'artiste, née à Udine en Italie en 1975, exposée à la Biennale de Venise en 2013, traque selon selon ses propres mots «le passage du temps intérieur» sur ces figures. Tout, dans chacune de ses œuvres, est absolument visible (Visible est même le titre programmatique de son exposition), mais n'en reste pas moins dérangeant et énigmatique.

 

Jean-Emmanuel Denave

 

Vania Comoretti
A la galerie Domi Nostrae, jusqu'au samedi 19 avril


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Alela Diane en Petit Bulletin Live