Fausse promesse


Événement théâtral absolu, du moins si l'on se base sur l'affluence du public (que ce soit ici à Lyon ou à Paris, où la pièce fut créée et jouée deux mois), le casting (Huppert et Garrel fils sur le plateau, Luc Bondy, directeur de l'Odéon, à la mise en scène) et les costumes (Dior pour Huppert), Les Fausses confidences de Marivaux laissent pourtant un goût d'inachevé, tout y étant trop parfaitement calibré, au détriment de l'émotion.

Pourtant Isabelle Huppert quitte là les rôles torturés auxquels Haneke, notamment, l'avait abonnée pour incarner avec une maîtrise et une gourmandise totales le rôle central d'Amarinthe, bourgeoise nouvellement veuve. Alors que le public s'assoie, elle s'essaye au tai-chi avec son coach au milieu de ses innombrables chaussures amoureusement rangées en cercle. Désinvolte, centrée sur elle, elle refuse sans ambages une alliance avec le comte Dorimont pour se laisser séduire par le jeune désargenté Dorante, qui se fait engager comme intendant grâce à l'entremise de Dubois (grandiose Yves Jacques !), son ancien valet. Dominant toute la troupe, Huppert éclabousse tout son monde avec une fraîcheur qu'on ne lui connaissait plus, parvenant à faire fi d'un décor, certes mouvant au gré des battements de cœur d'Amarinthe, mais d'une lourdeur très académique.

Ces Fausses Confidences ressemblent parfois à un divertissement d'un autre temps conçu pour divertir le petit peuple provincial. Cela manque de critique en somme, non pas du texte de Marivaux, impérial, mais du milieu décrit.

Nadja Pobel

Les Fausses confidences
Aux Célestins, jusqu'au samedi 12 avril


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«L'art est toujours un combat»