Les allumées suédoises

Cheftaines de file d'une soirée riot grrrls placée sous le signe du roller derby et du punk, les quatre terribles cavalières de Tiger Bell viennent à Lyon envoyer du bois directement importé de Suède. Réchauffement de culottes et d'oreilles en perspective. Stéphane Duchêne.


Elles auraient pu s'appeler les 1, 2, 3, 4's – mais il y a déjà les 5, 6, 7, 8's, cette "douce" formation féminine chérie par Tarantino – ou même The Ramonettes, tant ces quatre-là ne s'embarrassent pas de préliminaires, d'intro ou de bavardages quand il s'agit d'attaquer un morceau.

Toujours de front, en formation ramassée, montant à l'assaut comme une seule femme, cultivant l'esthétique cheerleader punk (mini-shorts, chaussettes montantes, baskets, maquillage et guitares à l'arrache), les "bell tigresses" sont devenues les égéries - non pratiquantes - du culte roller derby depuis l'EP Slaughter's Daughter et la sortie du clip éponyme.

Hors de scène, Lotta, Lisa, Canan (prononcer "Djanan") et Lovisa (ce prénom !) sont de charmantes jeunes femmes, certes un peu tatouées mais tout ce qu'il y a de plus normales. Comme on peut le voir dans le court documentaire suédois Go Get It, qui les suit en tournée – où l'on apprend que leur meilleur souvenir de concert ever reste un passage à Bourg-en-Bresse.

Dans les yeux

Mais dès que les amplis sont mis sur "on", dès que Lotta donne le premier coup de semonce, c'est à quatre fauves en cage que l'on a affaire. Tel le coyote de Joseph Beuys, habituées des scènes minuscules, elles s'y débattent comme des furies avec une énergie à réveiller un dimanche après-midi chez mémé.

Surtout, à la manière de leurs aînées des Runaways ou des Donnas, derrière leur fard punk garage de mauvaises filles, les quatre pétroleuses originaires de Luleå, aux pieds de l'Etoile polaire, ont un don certain pour trousser des quickies bubble-gum – deux minutes douche comprise – chiches en accords mais riches en chœurs, capables de vous laisser le pantalon sur les chevilles, à vous bouffer la cervelle pendant des heures. Ce qu'il faut de féminité pour emballer et ce qu'il faut d'ironie féministe pour vous envoyer ramasser vos dents, voilà la recette rose-bonbon virant rouge-sang de Tiger Bell.

Tu as un groupe de rock (Don't Wanna Hear About Your Band) ? Tu refuses le plan à trois (Don't Wanna Be 3) ? Tu as le regard mal placé (Look Into My Eyes) ? Alors mec, va bien te faire désensabler les portugaises. Et le reste. Les Tiger Bell n'ont peut-être pas inventé la poudre rock, mais le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles savent comment fabriquer des bombes artisanales.

Tiger Bell [+ Black Luna + Grriottes Girrls]
Au Ninkasi Kafé, vendredi 25 avril


<< article précédent
Bienvenue chez lui