Aux yeux des vivants

De Julien Maury et Alexandre Bustillo (Fr, 1h28) avec Anne Marivin, Francis Renaud…


On se fatigue de répéter depuis dix ans la même chose à propos du cinéma d'horreur français : que ses cinéastes se contentent de refaire leur DVDtèque, qu'ils ne savent pas écrire des dialogues et diriger des acteurs, qu'ils n'ont rien à dire de subversif et compensent par un goût du sadisme gore gratuit et lassant. Aux yeux des vivants aligne donc soigneusement tous ses défauts-là, même s'il tente vaguement de renouveler la recette en se plaçant au niveau d'un trio d'adolescents mavericks — l'influence Stand by me, sans doute.

Le plus drôle étant que Bustillo et Maury situent une partie de l'action dans un studio de cinéma en plein air désaffecté, comme si Almeria avait été transplanté en banlieue parisienne. Cette invention d'un lieu mythologique et abandonné où se serait fabriqué le cinéma de genre hexagonal dit assez bien ce qui manque à ce cinéma : une tradition, un savoir-faire, même perdu, même oublié ; bref, une culture qui ne serait pas seulement celle des cinéastes-cinéphiles derrière la caméra, mais aussi celle des producteurs, des techniciens et, surtout, des spectateurs.

Christophe Chabert

Sortie le 30 avril

 


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