Le Crime est toujours parfait


Cinéaste avide d'innovations en général et de nouveautés techniques en particulier, Alfred Hitchcock fut tout naturellement titillé par l'arrivée dans les années 50 de la 3D. Car, rappelons-le à nos lecteurs les plus jeunes, la 3D ne date pas des expérimentations de Robert Zemeckis et d'Avatar, mais a connu plusieurs vagues qui se sont toutes fracassées sur les contraintes de projection et sur le désintérêt du public.

Grâce au numérique, ces films longtemps vus "à plat" peuvent donc renaître dans leur relief originel ; c'est le cas du Crime était presque parfait, tourné par Hitch en 1954 alors que le procédé est déjà à bout de souffle. Tiré d'une pièce de théâtre, le film est du pur Hitchcock période américaine, où un tennisman monte un plan diabolique pour faire assassiner sa femme et éviter que celle-ci le quitte avec leurs économies. Sauf que c'est elle qui finit par tuer celui qui devait la faire passer de vie à trépas…

Grace Kelly — aussi à l'honneur cette semaine sous les traits de Nicole Kidman dans la bio d'Olivier Dahan — joue l'épouse et Ray Milland le mari dans ce thriller pour le coup parfait et maintes fois imité dans sa mise en scène. Qui, pourtant, a donc été castrée de ces effets spectaculaires, que l'on devinait toutefois dans la version 2D. On y voit des objets énormes occuper le premier plan, une main qui "surgit" pour attraper une paire de ciseaux… Cette expérience de la 3D confirmait qu'Hitchcock était un immense narrateur visuel, salement en avance sur son temps — et peut-être même sur le nôtre…

Christophe Chabert

Le Crime était presque parfait
D'Alfred Hitchcock (ÉU, 1954, 1h45) avec Grace Kelly, Ray Milland…
À l'Institut Lumière, du 16 au 20 mai


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