«La peur des monstres est une peur primaire»

Entretien avec Gareth Edwards, réalisateur de Godzilla. Propos recueillis et traduits par Christophe Chabert


Faire un Godzilla

«Pour être honnête, quand j'ai reçu ce coup de téléphone me demandant si j'étais intéressé pour faire un remake de Godzilla, je me suis dit «putain de merde». Ensuite, j'ai demandé s'ils ne s'étaient pas trompés de numéro. J'avais beaucoup de craintes car il y avait beaucoup d'attentes ; mais j'avais encore plus peur d'être le type qui a dit non et qui passe le reste de sa vie à regretter cette opportunité de faire un grand film qui aurait lancé ma carrière.»

Films de monstres

«J'aime tous les genres de films, mais mes genres préférés sont sans aucun doute la science fiction et le fantastique. Et à l'intérieur de ces genres, j'aime encore plus les films de monstres. Mais je ne veux pas faire des films de monstres pendant le reste de ma vie ! Cela vient à mon avis du fait que pendant des années nous avons fait partie d'un ordre naturel. Et nous vivions dans l'angoisse qu'un animal nous attaque. Ces dernières années, nous avons créé des moyens de repousser la nature, mais au plus profond de notre ADN, cette crainte est restée vivante. C'est une peur primaire, mais elle n'est pas présente dans notre vie quotidienne. Ces films remplissent ce manque.»

God-Zilla

«En Japonais, on dit "Gojira", il n'y a pas cette notion de "God". Cela vient sans doute de King Kong : le Roi Kong et le Dieu Zilla. Pendant longtemps, nous avons cherché à justifier ce nom de Godzilla, réfléchi au moment où nos personnages allaient décider de l'appeler ainsi, et nous n'avons pas trouvé de solutions qui ne soient pas ridicules. Mais si la nature avait une mascotte, ce serait Godzilla. On parle de mère nature, et dans le même sens, on peut parler de Dieu.»

Point de vue

«Nous n'avons pas filmé du point de vue de Godzilla car nous avons contacté des monstres géants exerçant le métier de cameramen, mais ils étaient trop chers ! Donc nous avons utilisé des cameramen humains… C'est difficile de parler de ce genre de choses sans dire du mal d'autres films. Mais quand je m'assois dans un cinéma pour regarder un blockbuster, ils finissent toujours par me perdre lorsque la caméra effectue des mouvements qu'aucun technicien n'est capable de faire. Quels que soient les efforts pour rendre les effets spéciaux 100% crédibles, la caméra fait quelque chose qui n'est pas du tout crédible. Et ce n'est jamais excitant. Quand nous avons fait ce film, nous avons décidé de ne faire aucun plan impossible. Vous pouvez sentir la présence de la caméra et le lieu où se trouve le cameraman. Parfois, cela nous a posé des limites, mais je crois que cela rend la sensation globale plus réaliste.»


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