Les Drôles de poissons-chats

De Claudia Sainte-Luce (Mex-Fr, 1h29) avec Ximena Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco…


Vendeuse désabusée dans un supermarché, Claudia se réveille une nuit avec un terrible mal de ventre. Direction les urgences où on lui diagnostique une crise d'appendicite ; tandis qu'elle se remet de l'opération, elle va sympathiser avec sa voisine de chambre, Martha, quadragénaire entourée par ses quatre enfants. Le cancer qui la ronge n'entame pas sa joie de vivre et elle propose même à Claudia de venir passer quelques jours chez elle, où elle va peu à peu trouver sa place au milieu de ce sympathique chaos domestique.

Il y a d'abord une petite appréhension face aux Drôles de poissons-chats : le récit d'apprentissage tragi-comique à hauteur d'enfant ou d'adolescent est devenu un poncif du world cinema d'auteur. Mais Claudia Sainte-Luce fait vite la différence grâce à une fine caractérisation de tous ses personnages, notamment les enfants de la tribu, possédant tous une personnalité singulière, créant ainsi des contrastes forts qui lui permettent de pimenter les situations les plus quotidiennes. La mise en scène, aidée par une très belle photo signée Agnès Godard, plus inspirée ici que pour les films de Claire Denis, parvient à capter l'énergie née de ce désordre savamment entretenu, et lorsque le film s'embarque dans la voie du road movie, il parvient à libérer une émotion tout sauf fabriquée. Certes, ce n'est pas Y tu mama tambien d'Alfonso Cuarón — il y manque la peinture sociale du Mexique d'aujourd'hui — mais ce joli film est une indéniable réussite.

Christophe Chabert


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