La tête et les jambes

Qui a dit que le vélo était un sport de ringards aux jambes rasées ? Pas le festival Roulez jeunesse, qui tout au long d'un programme alliant joie de la pédale et plaisir musical entend réconcilier petite reine et rois de la hype. Stéphane Duchêne


Au départ, à ce qu'on avait entendu, Roulez Jeunesse entendait célébrer le cyclisme dans ce qu'il a, sans mauvais jeu de mots, de plus "classique" : les cuissardes à peau de chamois, le Tour de France, le bronzage en T. Autant de choses qui passionnent l'un des initiateurs de l'événement : le directeur du Transbordeur, Cyrille "Guimard" Bonin, incollable sur la petite reine et la Grande Boucle.
 

On ne sait guère ce qui a rendu cet événement moins orienté sur le versant Laurent Brochard de la pédale que vers son côté hip, toujours est-il que le chemin emprunté est un peu différent. Et peut-être un peu plus cohérent avec l'idée de mariage vélo-musiques actuelles – la vérité c'est que les mecs du Tour de France n'écoutent bien souvent que de la daube entre deux soufflantes de Marc Madiot dans l'oreillette ; la vérité c'est que le cycliste pro a les goûts musicaux de Gérard Holtz.
 

Niveau vélo en effet, ce sera plus ambiance fixie (ce vélo sans dérailleur qui fait fureur chez les hipsters qui aiment à prendre les bosses en 53x12), BMX, et bike polo (du polo garanti 100% sans cheval). Reste qu'il sera quand même permis de participer à un chouette relais sur le trop méconnu vélodrome de la Tête d'or – cent-vingts tours pour fêter les cent-vingts ans de ce vélodrome – et de profiter de tout un tas de réjouissances sur le thème de la pédale et du guidon, dont le programme entier vaut feuille de route d'une étape décisive. 

Locaux de l'étape


Et puis bon, Roulez jeunesse reste aussi un festival musical à l'écoute des tendances musicales du moment et ravitailleur de bon goût. Que ce soit au rayon électro – où, dans une opposition de styles typique du cyclisme, on verra notamment se tirer la bourre deux producteurs que tout oppose, d'un côté 2080, Lyonnais né avec une manette de Megadrive dans la bouche (les Svinkels réveillaient le punk, son électro-hip hop réveille le geek), de l'autre Arnaud Rebotini, le Pascal Brutal de la techno gothique – hip hop (une soirée Klub des Loosers / Schlaasss qui devrait finir au sprint) ou pop pour jeune suceur de roue de la tendance. Des concerts qui auront lieu pour certains dans l'après midi pour ne pas se refroidir les muscles. De ce point de vue, on ne risque pas d'être déçus avec, notamment, la participation pour le titre de meilleur jeune – maillot blanc – des locaux de l'étape Alexis and the Brainbow et Taïni & Strongs.


On succombera pareillement, une fois de plus, à la pop dopante mais ligne (à l'eau) claire de The Pains of Being Pure at Heart et à celle, moins sinueuse, de Fear of Men. On retrouvera également, par exemple à l'occasion du "Prologue", de vieilles connaissances, avec Bodybeat (trio mené par celui qu'on appelait jadis Red, auteur de quelques fameux albums de folk cintré, barré aujourd'hui vers Lille et des esthétiques en zigzag) ou encore, le lendemain, Fancy et son drôle de glam toujours dans les échappées les plus farfelus. Bref, l'occasion sera trop belle de se jeter quelques bidons sous la casquette.


Roulez Jeunesse
Du vendredi 6 au dimanche 8 juin 


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