De Palma, l'Obsession hitchcockienne


La redécouverte en pièces détachées de l'œuvre de Brian De Palma continue et on a bon espoir qu'un jour tous ces morceaux se rassemblent en une belle rétrospective — et, c'est de saison, peut-être un Prix Lumière ? En attendant, c'est donc Obsession qui fait son retour sur les écrans grâce à la Ciné Collection du GRAC.

En 1976, De Palma sort du triomphe de Phantom of the Paradise et pousse un cran plus loin sa relecture du cinéma d'Hitchcock en s'attaquant frontalement à Vertigo, dont il transpose le motif — une femme meurt, son double apparaît — dans l'Italie pleine des vestiges de son glorieux passé artistique. Alors que la première partie — le kidnapping, le crime — pourrait laisser croire que le cinéaste va privilégier une approche par le genre, Obsession prend ensuite des atours beaucoup plus mystérieux et impose un De Palma romantique, nouant un dialogue très fécond entre le classicisme et la modernité.

La tension du film repose sur ce drôle de jeu où il s'agit avant tout de restaurer la foi du spectateur dans un grand récit hérité de l'âge d'or hollywoodien tout en prenant en compte l'esprit critique développé par le Nouvel Hollywood. Cela se traduit par quelques audacieuses et spectaculaires idées de mise en scène — notamment l'hallucinant travelling circulaire final — mais qui, ce ne sera pas toujours le cas chez De Palma, se mettent au service de l'histoire racontée et surtout de son atmosphère mélancolique et crépusculaire.

Christophe Chabert

Obsession
De Brian De Palma (1976, ÉU, 1h38) avec Cliff Robertson, Geneviève Bujold…
Dans les salles du GRAC, jusqu'au 28 juin


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Le fond et la forme