En mille morceaux


A l'occasion du festival Lyon BD, la Fondation Bullukian accueille l'exposition La Tendresse des pierres, réalisée à partir du livre éponyme de la dessinatrice Marion Fayolle, oeuvre autobiographique évoquant la maladie qui a emporté son père publiée en octobre dernier. Soixante planches originales sont exposées, décryptant la dégradation de sa santé  sa dépendance est imagée par la perte progressive de son nez, de sa bouche ou encore de ses poumons, que l'on voit traîner derrière lui – son retour à la maison, son hospitalisation à domicile.

Allégorique et surréaliste, ce travail témoigne surtout d'une nouvelle rencontre entre cet homme présenté comme froid et silencieux et sa fille, qui aurait souhaité s'agripper à lui comme on peut se retenir à un rocher. Les dessins, à mi-chemin de l'imagerie médiévale et de l'illustration jeune public, mettent en scène des silhouettes, souvent de profil, en perpétuelle évolution. Diplômée de l'Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg et collaboratrice de nombreuses publications de presse (Libération, le New York Times...), Marion Fayolle décline leurs mouvements à l'aide de calques, traçant à l'encre ensuite trames et contours sur des formes colorées imprimées sur papier.

Cette technique singulière confère aux images, aux couleurs pâles et délicates, une grande force narrative, tout en laissant leur place à l'imaginaire et à l'interprétation. Si Marion Fayolle ne l'avait déjà fait, on aurait été tenté de qualifier ce fruit de deux ans de travail de véritable «spectacle littéraire». On ne se lasse en tout cas pas de le contempler.

 

Pauline Lambert

 

Marion Fayolle
A la Fondation Bullukian, jusqu'au samedi 19 juillet


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