On ne pense Kas ça


Kas Product ne sera sûrement pas le groupe le plus couru de cet été de festivals, ni même celui de Musiques en Stock – où il cotoiera rien moins que Nada Surf, Breton et Peter Von Poehl. Mais c'est un morceau d'histoire du rock français, fruit d'une rencontre improbable. La chanteuse Mona Soyoc est une Américaine passée par Londres avant d'atterrir à Nancy, à l'aube des 80's. Elle y rencontre "Spatsz", un type obsédé par les synthés. Ensemble, ils produisent une musique minimaliste, cintrée et frictionnelle, au point de jonction de l'électronique séminale et du punk. Un truc où une voix d'une absolue sensualité – Mona Soyoc vient du jazz et n'est pas la moitié d'une interprète – sadise des machines frigorifiques programmées par une sorte de Martin Rev du Grand Est. Après deux 45t enregistrés sur deux pistes, le groupe tourne en première partie de Marquis de Sade, l'un des grands ambassadeurs de la French Touch de l'époque, sort son premier album chez RCA, (dé)fait l'Olympia aux côtés de Suicide, tourne aux Etats-Unis. Le tout en moins de trois ans. Il ne faudra guère plus de temps pour que la popularité du groupe s'étiole, à mesure que se fond dans le paysage sa singularité et son inspiration. Le couple et le duo se séparent et chacun mène – plutôt bien d'ailleurs – sa carrière de son côté. Après une première retrouvaille réussie en 2005 aux Eurockéennes, Kas Product se reforme en 2011. Et ne s'arrête dès lors presque plus de tourner entre deux rééditions, nous laissant devant deux évidences : 1) Mona Soyoc est toujours aussi sublime 2) Kas Product aura été l'un des groupes les plus influents de son temps.

 

Musiques en stock
A Cluses (74), du 2 au 5 juillet


Stéphane Duchêne


<< article précédent
A chacun son comte