Le conte est con


Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. D'accord, mais quid des turpitudes qui jalonnent une vie ? Le prince a-t-il trompé la princesse avec une ribaude ? Hypothéqué le château pour couvrir les frais médicaux de son beau-papa de suzerain ? Donné une leçon au gang de fils de palefreniers qui rackettait son petit dernier ? Le café-théâtreux à tout faire Jacques Chambon (Le Phare, Troubles de l'élection, Fin de race...) a sans doute les réponses à ces questions.

Pour l'heure, à l'invitation du Festival de la cour du vieux temple, il s'est demandé ce qui se serait produit si le prince s'était fait bouffer par le dragon gardant le corps inerte de la Belle au bois dormant. Et bien elle aurait dormi, voilà. Presque aussi longtemps que Fry, le livreur de pizza cryogénisé pendant mille ans de Futurama. Elle aurait dormi jusqu'à ce qu'un pareil branque vienne la réveiller, en l'occurrence un naze de la cambriole prénommé Eddie.

L'un et l'autre, personnages 100% Chambon s'il en est (tout les sépare, y compris l'Histoire), sont interprétés par des enfants du pays : d'un côté Chrystel Portehaut, blondeur et bouille coquine à la Bérengère Krief, de l'autre Aurélien, son mari, révélé au même endroit en 2009 avec A chacun sa méthode, premier one-man-show aussi cérébral que grinçant qui le voyait d'un même geste de slapstick s'auto-portraitiser et lever le voile sur les coulisses de la comédie. Autant dire qu'avec une telle concentration de talents, La Belle au bois dormit super longtemps, car tel est le titre de cette création, devrait faire son effet (comique).

Benjamin Mialot

Festival de la cour du vieux temple
A Grenoble (38), du 21 au 31 août


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