Quand la ligne prend corps


A propos du tracé et du dessin, le philosophe Jean-Luc Nancy écrit : «C'est la trace d'un mouvement qui ouvre une différence des lieux et qui l'inscrit avec son rythme, son allure : une ligne, c'est-à-dire une incision, un écartement, un élan et une échappée». On entend là toutes les résonances que le dessin peut avoir avec la chorégraphie, cette "graphie" des corps. Dernièrement, Mathilde Monnier, François Verret, Trisha Brown, Benoît Lachambre se sont inspiré de ces échos dans leurs pièces. La chorégraphe canadienne Marie Chouinard (dont on avait vu le très beau Sacre du printemps lors d'une Biennale de la danse à Lyon) adapte, elle, les dessins et le poème d'Henri Michaux contenus dans le livre Mouvements. Ballet en un acte, Henri Michaux : Mouvements fait danser ces «mouvements à jets multiples, fête des taches, gammes des bras» avec, en arrière-plan, une projection des dessins du poète. Cette pièce sera jouée aux Nuits de Fourvière (les 30 juin et 1er juillet à l'Odéon) avec Gymnopédies, autre ballet pour douze danseurs articulé autour de la figure et des transformations du duo, sur les musiques éponymes d'Erik Satie. Un grand moment de danse en perspective !


Jean-Emmanuel Denave


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