L'art du Pastel(s)


Dans la série des formations qui ont semé des graines pour que leurs suiveurs en ramassent les fruits – il semblerait que ce soit le thème de cette nuit du 2 juillet – le projet mené par l'Ecossais Stephen McRobbie, a.k.a. Stephen Pastel, n'est pas le dernier.
 

The Pastels ou le parfait CV du groupe culte : quittant Creation au moment où leurs tubes touchants et déglingués (Million Tears, I'm Allright With You...) commencent à marcher et où, surtout, le label de Jesus & Mary Chain, Teenage Fan Club et My Bloody Valentine décolle sérieusement ; faisant des émules écossais (en plus des trois premiers noms précités, Vaselines et Shop Assistant, lancés sur... le label personnel de Stephen Pastel) ; enfin, figurant sur l'équivalent rock british des Manuscrits de la Mer Morte : la fameuse cassette C86, initiée par le NME et estampillée crème de l'indie rock circa 1986 – même si à l'exception de Primal Scream, de Wedding Present et donc des Pastels, personne n'y survivra durablement.
 

Car oui, dans l'ombre ou pas, les Pastels sont toujours là. Peu importe que leur Up for a Bit with the Pastels, premier album des Ecossais (1987), ait été totalement éclipsé par l'avènement des frères Reid de J&MC. Cela leur permettra, à eux les amateurs brouillons des débuts, de développer sans grands enjeuxleur sens de l'écriture, totalement ragaillardi par l'arrivée de Katrina Mitchell. Et comme leur pendant américain Dean Wareham (Galaxy 500, Luna) ou leurs compatriotes Teenage Fanclub, d'opérer avec le temps – entre de nombreuses pauses et quand ils ne s'adonnent pas à l'expérimentation pure et dure et la BO – un virage délicieusement mélodique – terme qui, au sens pastelien, se manie avec précaution : guitares délicates, atmosphères vaporeuses, voix adoucies par l'éreintement.
 

Qui aurait cru, en 1987, que les Pastels seraient en mesure de publier en 2014 ce sommet de post-pop qu'est Slow Summits, leur dernier disque, où l'on croise des membres dudit Teenage Fanclub et John McEntire de Tortoise ? Un album lumineux et trouble – à l'image du superbe Wrong Light et de sa flûte vacillante – comme l'impression de beau temps d'un été en pente douce où régneraient mélancolie, indécision et beauté désintéressée.

 

Stéphane Duchêne



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