A Avignon, le pape est nu


Quand les comédiens remballent leurs affiches, que reste-il à Avignon ? Un spectacle son et lumière avec la voix de Francis Huster, oui, bon. Il reste surtout ce majestueux Palais des papes qui, une fois le calme revenu, retrouve le silence dans lequel il baignait du temps où il recouvrait sa fonction première de résidence de l'épiscopat. Fondée, en vingt ans (!), dans la première moitié du XIVe siècle, cette construction gothique (la plus grande du Moyen-Âge) sera pillée et largement abîmée lors de la Révolution française. C'est paradoxalement sa transformation en prison et caserne qui la sauve : le revêtement posé sur les murs des cellules protège alors les chefs-d'œuvre peints au-dessous. Au-delà de la fameuse cour d'honneur, ce sont vingt-cinq salles qui se visitent, de l'immense salle des Festins (le "Grand tinel") aux chambres, en tête celle dite "du pape", aux murs bleus décorés d'oiseaux et d'écureuils et dont le sol est recouvert de tomettes colorées.

La chambre du cerf, cabinet de travail d'un des deux papes bâtisseurs, Clément IV, possède elle aussi des fresques remarquablement conservées figurant des scènes de chasse, de pêche, de cueillette et de bain, ainsi qu'une charpente ornée d'une frise. Les chapelles Saint-Martial et Clémentine abritent par ailleurs d'extraordinaires voûtes peintes, notamment par Matteo Giovannetti. Avec son jardin attenant sur le Rocher des Doms, ses points de vue sur la vallée du Rhône et le célébrissime pont Saint-Bénezet (amputé par des crues violentes au milieu du XVIIe ), le Palais des papes est un exceptionnel ensemble, qui gagne a être visité loin des hordes de touristes que draîne le festival.

 

Nadja Pobel

Avignon et son Palais des papes (Vaucluse)
A 230 km de Lyon


<< article précédent
Souriez, c'est l'été