La samba sans sambas de Samba de la Muerte


Ne pas s'y tromper : cette Samba de la Muerte ne s'incarne aucunement en une samba endiablée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Plutôt loin de là, même. Au moment où les formations les plus en vue de la pop française s'éparpillent en projets solo (il n'y a qu'à voir les Atlas Mountains faire feu de tout bois), c'est ici un Concrete Knife, sensation 2013 venue de Caen – Be Your Own King, souvenez-vous – qui s'accorde un quartier libre pour donner un peu de champ à ses élans créatifs. Loin de la pop à la fois martiale et en sucre (candide) des couteaux de béton, menée de main de maître par Nicolas Delahaye et incarnée par la lunaire Morgane Colas, Adrien Leprêtre – accompagné de Corentin Olivier (guitare), Gabriel Legeleux (percussions) et Martin Bonnet (basse) – affirme moins frontalement ses facilités. Préférant la demi-teinte et les demi-tons : mélange de folk, d'orientalisme et d'indietronica, plus atmosphérique qu'accroche-coeur ou tapageur. Et en cela, atmosphérique donc, comme les climats océaniques au contact desquels a grandi le musicien, sujet au changement, la fraîcheur laissant place au réchauffement et inversement – Bon Iver en été, quelque chose comme ça. Quand les impressions de beau temps se muent en un peu plus que des impressions de bonheur, fut-il fugace et insaisissable. Ce qui est appréhendable en revanche, c'est la bonne santé d'une pop made in Normandie qui n'a que faire du redécoupage des régions. Celle-ci devrait toujours être Haute.

 

Stéphane Duchêne


 

Samba de la Muerte [+ Brace ! Brace !]
Au Transbordeur, jeudi 17 juillet


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