Encres sympathiques


Jadis l'apanage de marins à la braguette facile, de taulards souffrant d'un Œdipe au ras des pâquerettes et de tribus irréductibles, le tatouage orne aujourd'hui les parties charnues de toutes les couches de la société – se posant ainsi en équivalent du matelas chez Bourvil... et sur les murs des galeries.

En l'occurrence ceux de Datta, qui après avoir honoré Jean-Luc Navette expose le temps d'une grosse semaine des flashs (du prêt-à-piquer) du Tattoo Research Lab, collectif international de dessinateurs sur peau rassemblés autour d'une même ambition de faire évoluer les codes picturaux de leur discipline. Soit par la contrainte – comme le dénommé Paolo Bosson, qui exerce à main levé, ou le Russe Alexander Morozov, qui travaille à l'aiguille – soit en trempant leurs dermographes dans les encres d'artistes a priori incompatibles avec la création cutanée – à l'image du Belge Carlo Amen et du Parisien Gumo, respectivement plus en phase avec les zigouigouis spontanés de Dubuffet et les brisures dimensionnelles de Picasso qu'avec les décalcomanies de Ed Hardy.

A cet égard, on s'attardera plus longuement sur les travaux de Sixo, graffeur francilien dont les aplats charbonneux et les références pulp ne sont pas sans évoquer les planches de l'immense dessinateur Charles Burns, et ceux du Lyonnais All Cats Are Grey, qui revisite les motifs old school (madones, crânes, prédateurs) avec la minutie d'un graveur médiéval. Mettons jusqu'aux 14 et 15 septembre, dates auxquelles tout ce petit monde mettra son savoir-faire en application.

 

Noir de bousilles
A la galerie Datta, du jeudi 4 au dimanche 14 septembre


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