Quais du polar ouvre les Vann


Encore auréolé du succès de sa dixième édition, Quais du polar passe la démultipliée, pavant de rencontres épisodiques le chemin qui nous sépare du printemps 2015. Premier rendez-vous cette semaine avec David Vann, équivalent littéraire de ces songwriters esseulés qui chantent l'Amérique des grands espaces et des esprits à l'étroit. La musique de l'écorché texan Possessed by Paul James, notamment, ferait une bande son rêvée, ou plutôt cauchemardée, aux trois romans qui ont fait connaître ici ce natif de l'île Adak, un bout de toundra flottant au sud de l'Alaska qui disparaît régulièrement de la planisphère sous un brouillard à couper à la hache.

Il y eut d'abord Sukkwan Island, l'histoire, infernale (ah ! le fameux coup de théâtre de la page 113), d'un père raté décidé à refaire sa vie à l'écart du monde, seul avec son fils. Puis Désolations, où l'obsession de Vann pour la folie se nichait cette fois tel le ver dans le fruit au sein d'un couple rendu à une nature tout sauf rédemptrice. Et enfin Impurs, troisième huis clos familial opposant, cette fois sous le soleil californien, un puceau à sa famille de femmes castratrices. Ce ne sont toutefois pas ces trois livres, dont la noirceur torrentielle (et en partie autobiographique) charrie chaos beckettiens et désillusions "mccarthiennes", que l'auteur vient présenter, mais deux nouveautés : Dernier jour sur terre, où Vann retrace le parcours d'un school shooter, et Goat Mountain, le récit d'une partie de chasse tournant au drame. Âmes sensibles s'abstenir.

Benjamin Mialot

David Vann
Aux Célestins, mardi 23 septembre à 19h


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