Get On Up

De Tate Taylor (ÉU, 2h18) avec Chadwick Boseman, Nelsan Ellis…


Il y a désormais tout à redouter de la bio filmée d'une légende musicale, tant l'affaire se résume en général à cette équation : derrière le génie, il y avait un homme complexe. Get On Up, qui tire le portrait de James Brown, parvient pendant près d'une heure à tenir cet écueil à distance, grâce à un travail scénaristique original des frères Butterworth, déjà derrière le script réussi d'Edge of Tomorrow, qui tentent de déconstruire le mythe en le ramenant à son point le plus trivial : Brown y passe pour un businessman mégalo et tyrannique, obsédé par l'idée d'être le meilleur et de bouffer ses concurrents blancs. Cela passe par une idée de mise en scène assez forte : régulièrement, Brown s'adresse directement au spectateur, comme pour lui signifier que c'est bien lui qui raconte sa vie à l'écran, comme s'il rédigeait sa propre légende.

On n'en attendait pas tant de la part du réalisateur du médiocre La Couleur des sentiments ; ce n'est cependant que de courte durée — contrairement au film lui-même, incroyablement long. Car le récit reprend ensuite ses marques chronologiques — ascension, trahison, gloire, chute — et finit par recycler tous les clichés du genre : le trauma d'enfance, la décadence physique et le génie artistique qui y survit. Le film adopte un académisme appliqué et passablement ennuyeux, sans véritable style ni parti pris sinon celui, minimal, d'offrir les morceaux dans leur intégralité. Pour cela, la B.O. aurait pu suffire…

 

Christophe Chabert


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Il était une fois dans le Midwest