Une marée de basses

An de grâce 79 ap. J-C : le Vésuve pique un fard et ensevelit Pompéi sous les cendres. Nos experts sont formels, Lyon va subir le même sort cette semaine. La faute au Rumble Festival. Benjamin Mialot


Pour une fois, commençons par la fin. Commençons par le dimanche 5 octobre, date à laquelle l'édition 2014 du Rumble Festival prendra fin, sur un open air qui devrait faire écho à l'une des soirées les plus mémorables de la défunte Fée Verte : le back to back du 7 septembre 2012, qui opposa Douster à Flore et se conclut sur une relecture trap de La Chenille.

Le premier, sorte d'Alan Lomax en boubou, s'est depuis lancé dans une collecte de folklores électroniques à mêmes de se substituer à une liposuccion des fesses. La seconde, prêtresse de la bass music à racines (africaines) apparentes, vient elle de faire son retour avec Ritual, une performance audiovisuelle impressionnante de tellurisme, et s'apprête à donner à ses soirées Polaar une assise discographique. Ces deux Lyonnais de sang et tiers-mondistes de tympan se "contenteront" ici de se relayer sur scène – mais avec un peu de chance, c'est sur son remix en mode cumbia du thème du Roi lion que Douster laissera la place à sa consœur.

 

Ça va trembler chérie

Les jours qui précèdent, le Rumble fera ressembler le périphérique à la Ceinture de feu, cette enfilade de volcans en activité qui borde l'océan Pacifique. Tout commencera par de profondes secousses, courtoisies de trois zazous de la prolifère "beat scene" de Los Angeles : Ras G, grand zélateur de Sun Ra devant l'éternel ; le rappeur tout-terrain Zeroh ; et Low Leaf, harpiste bohème évoluant à équidistance du hip hop pour minorité opprimée de M.I.A. et du post-jazz défaillant de Flying Lotus.

Suivront d'alarmantes fumerolles, qui s'élèveront le temps d'une "nuit dub" des soundsystems en surchauffe du label Trojan (institution de la musique jamaïcaine fondée à Londres en 1968), du doyen Jah Tubby et du Run Tingz Cru, duo de Bristol qui renouvelle l'art ancien du riddim à coups de spasmes jungle.

La pression atteindra son comble samedi. Nuages de cendres (la drum'n'bass aérienne et grisâtre de Jubei), coulées incendiaires (crachées par les vilains garnements du grime Foreign Beggars) et explosions (qui porteront la signature de Figure, fer de lance d'un dubstep tout ce qu'il y a de plus disproportionné et régressif) s'abattront alors sur vous, jusqu'à vous figer à jamais dans une de ces invraisemblables postures de bonhomme O'Cedar dont les fous de basses ont le secret – mais avec un peu de chance, vous survivrez assez longtemps pour entendre le lifting à gros wobbles du générique des Tortues ninja du dernier cité.

Rumble Festival
Du mercredi 1er au dimanche 5 octobre


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