Powersolo, deux en un


On avait laissé les frangins Jeppenson à poil, côtes apparentes et l'air patibulaire. On les retrouve pour leur sixième album sous le nom de Powersolo, The Real Sound of Powersolo, attifés comme d'honnêtes vendeurs de voiture. De là à dire qu'ils se sont achetés une conduite, n'exagérons rien : les deux escogriffes danois sont toujours dignes de figurer au panthéon du rock tel quel l'a défini le comique à la petite semaine Eddy le Quartier – «Le rock c'est, t'arrives, t'as une guitare, et tu sais pas si elle va marcher (…) C'est un monde à part. Tu peux te suicider à n'importe quel moment. T'as pas de famille, t'as même pas de père. Ça se trouve, t'en as jamais eu !». Et cela fait maintenant près de vingt ans que ça dure.

Vingt ans de concerts si chargés en électricité qu'ils pourraient nous faire le coup de la panne à tout moment. Vingt ans d'historiettes rurales d'une bizarrerie et d'une paillardise (on y croise des luchadors érotomanes, des pochards qui se tuent en trébuchant et des femmes à deux têtes dormant les yeux ouverts) à faire passer un freak show pour un opéra-ballet – un de leur titre a eu l'honneur d'une synchro sur la série American Horror Story, c'est dire. Le secret de cette longévité ? Sans doute un cocktail quotidien de brillantine, d'huile de moteur et de whisky distillé en loucedé, entre autres effluves typiques de l'american(a) way of life que dégage leur plouc-rock lo-fi tour à tour mal luné et brindezingue – mais toujours éructé ou scaté au plus près du micro Elvis. A la vôtre !

Benjamin Mialot

Powersolo [+ Pigrider]
Au Warmaudio, dimanche 12 octobre

 


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