Serpent à sornettes


Ça débute comme un remake politique, musical et rustique de Demolition Man : (soi-disant) formé en 1984 à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, le duo Cobra entreprend de rénover le socialisme à la force du poignet de force. (Probablement) rendu coupable d'outrage aux bonnes mœurs d'une Provence pas encore prête à passer des moulins aux moulinets, il passe les dix-sept ans qui suivent (on l'imagine) tapi dans l'ombre, rédigeant des allocutions électriques évoquant plus un Trust au régime sec de viande de bouc que les chants communards. 2001 : humant (on le suppose) l'odeur âcre de l'incendie républicain qui va dévorer le gouvernement Jospin, Cobra publie Involution.

Un premier album programmatique qui prône, sur fond de dégueulis black metal, de bourrades punk et de guitar-heroism craspec, le retour aux vraies valeurs de la Gauche : jeunesse (J'aime regarder les filles qui marchent sur des seringues), éducation (Ta culture m'emmerde) et respect des minorités (Pédés et drogués). La suite appartiendra bientôt à l'Histoire, le groupe, rejoint notamment par Jean-Baptiste Hanak (moitié du duo électro Ddamage et officieusement l'homme le plus drôle de Facebook) générant depuis un culte grandissant.

Grandissant et légitime, tant ses tubes pour MJC converties en salles de shoot sataniques (cf. le cultissime Des lieux associatifs pour les jeunes), audibles sur deux autres albums non moins violents et discourtois (Le Pont des extrêmes en 2006 et Les Clefs de l'inquiétude en 2012), sont porteurs de promesses de lendemains qui chantent faux.

Don't mess with us #2 : Cobra [+ Diskö Punk Motherfuckers]
Au Club Transbo, vendredi 17 octobre


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Le Sel de la terre