Fink different


Il y a six ans, dans ces mêmes pages, nous évoquions, à l'occasion de son passage à l'Epicerie Moderne, l'inattendu virage folk de l'ancien DJ Fin Greenall et sa parfaite négociation. L'eau a depuis coulé sous les ponts et les disques tourné sur les platines mais force est de constater qu'avec Hard Believer, sorti cet été, le trio Fink continue d'élargir ses horizons, à l'image de L'Horizon négatif cher à Paul Virilio, cet horizon ouvert derrière lequel s'en cache un autre. L'album commence pourtant à l'os par le titre éponyme, folk-blues fondu au jazz (école Faccini / Gonzales), mais on sent là une tension qui ne saurait tarder à se libérer. A s'électrifier.

On tatônne dans cet intervalle sur trois titres tendus, puis c'est le décollage (Pilgrim) en ascension quasi post-rock (Shakespeare, ébouriffant, Too Late, désespérant). Même quand les choses se calment, on ne redescend pas jusqu'au dépouillé Keep Falling qui referme l'album comme une huître. Fink a ceci de particulier qu'il manie dans un même mouvement la plus infinie finesse et une épaisseur que rien ne semble pouvoir ébranler. Gère le repli comme l'échappée belle.

Ainsi qu'on avait pu le voir sur l'album Fink meets the Royalconcertgebouw orchestra, la musique de Fink en général et de Hard Believer en particulier est taillée pour les cordes : celles qui tombent de l'autre côté des fenêtres pour vider le ciel de ses pesanteurs et celles qui s'envolent des orchestres symphoniques. Si bien que même quand on ne les entend pas, on les devine.

Stéphane Duchêne

Fink [+ Douglas Dare]
Au Transbordeur, mardi 4 novembre


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Rock 'n' Growl