De la Terre à l'éther


Dans De la Terre à la Lune, le Gun Club de Baltimore mettait trois explorateurs des temps modernes en orbite façon homme-canon. Dans la nouvelle BD d'Alex Alice, dessinateur de l'indispensable saga ésotérique Le Troisième Testament et de Siegfried (époustouflante variation wagnérienne dont les planches répondront aux cuivres de l'ONL dans le cadre du festival Cuivres en folie), c'est l'éther, une mystérieuse énergie irriguant l'atmosphère, qui doit permettre à un ballon de rejoindre le firmament. Passé cette parenté contextuelle – la révolution industrielle revisitée à travers le prisme de l'anticipation – Le Château des étoiles affiche sa différence.

Car aux considérations scientifiques hardcore de Jules Verne répondent ici les rêveries de Séraphin, adolescent décidé à mener à leur terme, à l'invitation d'un mystérieux commanditaire bavarois, les recherches ayant coûté la vie à sa mère. Quitte à barrer la route d'un Bismarck ivre de conquête, raccord historique prétexte à de désastreuses aventures – pour reprendre la terminologie des romans de Lemony Snickett, avec lesquels le récit partage une certaine fantaisie aristo – aussi trépidantes que magnifiquement aquarellées, Alice délaissant les panoramas crépusculaires qui l'ont révélé pour conjuguer les perspectives ornementales de l'art déco et les barbouillages pastels des studios Ghibli. Autant dire que l'avenir de ce luxueux diptyque à l'écran est, du moins l'escompte-t-on, tout tracé.

Benjamin Mialot

Alex Alice
A Decitre Part-Dieu samedi 8 novembre

Siegfried et l'anneau
A l'Auditorium samedi 8 novembre


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