Régis (Loisel) est un bon


L'heroic fantasy n'a pas attendu l'adaptation pour le petit écran des boucheries consanguines de Game of Thrones pour accéder à la maturité.

Pas même leur écriture : dès 1983, le scénariste Serge Le Tendre et le dessinateur Régis Loisel entreprirent ainsi d'arpenter les sentiers battus du genre pour mieux les désherber. La série qu'ils forgèrent en chemin s'intitule La Quête de l'oiseau du temps, on y suit le périple d'une coterie d'aventuriers charismatiques mais faillibles – là réside tout l'enjeu – à la recherche d'un puissant artefact, et elle demeure encore aujourd'hui l'alpha et l'omega du merveilleux médiéval à la franco-belge. Y compris sur le plan graphique, le trait d'artisan consciencieux de Loisel rivalisant d'expressivité avec ceux des grands noms de l'illustration de contes. Au point que c'est une variation sur le Peter Pan de Barrie – de 1990 à 2004, il imagine la genèse du personnage dans ce Londres misérable que magnifia Gustave Doré – qui l'imposera définitivement comme un maître.

Comme tout dépositaire de ce titre, Loisel a ses disciples, à l'image de Vincent Mallié, qui lui a succédé sur La Quête en 2010. Il a aussi ses pairs, à l'instar de Jean-Louis Tripp, avec lequel il publie depuis 2006 Magasin Général, sorte de Plus belle la vie dans la campagne québécoise des années 20 – l'émotion, la crédibilité et la maestria visuelle en plus. Ils viennent cette semaine en dédicacer le neuvième et dernier tome. Et c'est un événement qui vaut tous les festivals à venir.

Régis Loisel et Jean-Louis Tripp
A la librairie La BD jeudi 13 novembre


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Illinoise