Miossec, le temps recouvré


Miossec aime les années en 4. En 1994, il poussa son premier Non, non, non, non à la suite d'une rencontre déterminante avec le guitariste Guillaume Jouan, qui accouchera un an plus tard de Boire. Miossec a alors 30 ans : il est donc né en 1964, année qui donnera son titre en 2004 à 1964, un album très souvent considéré comme celui d'une consécration pourtant plus à faire – on peut débattre de cela. Et nous voilà en 2014, où le Brestois fête à la fois ses 20 ans ET ses 50 ans.

Or, pour lui comme pour nous, c'est un peu comme si tout cela datait d'hier : «La vie, elle a passé / Et on l'a comme pas vécue / Ou peut-être pas assez / Pas comme on l'aurait dû (…) La vie elle a passé / Et on l'a comme pas bien vue / Les années ont filé beaucoup plus vite que prévu» chante-t-il sur On vient à peine de commencer en ouverture d'Ici-bas, ici-même, paru cette année, belle collaboration avec Albin de la Simone. Miossec s'y livre à un bilan qui aurait parfois comme des airs de redite aux accents de fait exprès. Ou, à tout le moins, de miroir renvoyé à ces années fondatrices, de clins dil radoucis (Répondez par oui ou par non).

«Tout recommence, rien ne se sépare » assénait-il il y a près de vingt ans sur Recouvrance – chanson où il envisageait «d'arrêter un jour de boire», ce qu'il fit, mais pas pour une fille. Et aujourd'hui : «c'est pas fini, on vient à peine de commencer / C'est pas fini, on peut encore se retourner / C'est pas fini, on peut encore se réparer (…) on peut encore se raccrocher à la poésie». Au sec, Miossec en a repris pour 20 ans.

Stéphane Duchêne


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