Steve Schapiro, l'envers du décor (naturel)


Belle initiative de l'Institut Lumière que cet hommage au photographe Steve Schapiro qui, dans les années 60 et 70, réalisa les photos de plateau de quelques films mythiques du Nouvel Hollywood. La Galerie Lumière, rue de l'Arbre Sec, expose ses images prises sur les tournages du Parrain ou de Taxi Driver, clichés qui ont déjà donné lieu à des ouvrages magnifiques édités par Taschen ; et au hangar, rue du Premier film, quatre films sur lesquels Schapiro a travaillé seront projetés. Taxi Driver, évidemment, mais aussi Chinatown, le néo-film noir de Polanski, Nos plus belles années de Sydney Pollack, mélodrame dont le classicisme est gâché par l'improbable présence de Barbra Streisand en pasionaria in love, et enfin l'exceptionnel Macadam Cowboy de John Schlesinger — que l'on présentera le 25 novembre à 20h30.

Seul film classé X à avoir jamais gagné l'oscar du meilleur film, cette histoire d'amitié entre deux marginaux — un jeune cowboy texan obligé de faire le gigolo à New York (John Voight) et un immigré italien boiteux et chétif (Dustin Hoffman) — représente une date importante par la liberté des thèmes qu'il aborde, le regard sans complaisance qu'il porte sur l'Amérique contemporaine mais aussi ses méthodes de tournage innovantes, Schlesinger et son opérateur ayant filmé avec des caméras légères dans les rues pour que les comédiens se fondent dans la foule new-yorkaise. Technique héritée de la Nouvelle Vague et du néo-réalisme qui sera reprise ensuite par Friedkin ou Scorsese et qui colle parfaitement à la démarche du photographe Schapiro, capable de photographier les stars mais aussi l'Amérique profonde, la réalité comme sa recréation à l'écran.

Christophe Chabert

Steve Schapiro et le cinéma américain des années 60-70
À la Galerie Lumière, jusqu'au 3 janvier


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