Courtney Barnett, hit girl


Avant de se lancer en solo, l'Aussie Courtney Barnett a écumé les groupes. Souvent en temps que "deuxième guitare", rythmique ou slide, histoire qu'on ne la remarque pas trop, cachée derrière sa frange. Bim, bam, boum, passing de revers du destin, la jeune femme rencontre un membre des Dandy Warhols qui pour ainsi dire la coache. Et là, explose un don par elle-même inattendu pour balancer les morceaux dévastateurs comme qui rigole. Talent que confirme le statut tant convoité de single de la semaine de la sainte église Pitchfork pour Avant Gardener, superbe tube défroqué, et même une nomination aux Victoires de la Musique australienne qui prouve qu'on a les Zaz qu'on mérite.

Bref, pour une fille qui n'avait pas confiance en elle, Barnett aligne sans s'y perdre les registres avec une facilité déconcertante : finesse pop digne des illustres compatriotes vintage Go-Betweens/Triffids (Don't Apply Compression Gently), art du pastiche (David, hommage Jean Genieal), veine velvetienne saillante (Lance Jr.), résonances alt-country en apesanteur (Porcelain, Anonymous Club, Out of the Woodwork, qui ressuscitent le fantôme de Paula Frazer) et atavisme surf (Canned Tomatoes (Whole), Scotty Says). Le tout jaillissant de l'écrin enfariné d'une souillon qui se réveillerait soudainement dans la peau d'une it girl non seulement belle comme le jour dans son t-shirt informe, mais aussi encombrée d'un talent – y compris d'écriture auto-dérisoire – dont elle n'a pas fini de se demander comment l'apprivoiser. En ne touchant à rien, serait une réponse sensée.

Stéphane Duchêne

Courtney Barnett [+ Money for Rope]
Au Marché Gare mardi 2 décembre


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