Le bal des affreux


Dans le folkore allemand, un doppelgänger est une sorte de double maléfique. Si l'on en croit l'hilarant duel de batterie organisé au printemps dernier par le Tonight Show de Jimmy Fallon, Will Ferrell serait ainsi le doppelgänger du piment rouge Chad Smith – fonctionne aussi avec Jean-Louis Borloo et Columbo. Les Doppelgangaz, eux, pourraient être celui de Luke Vibert. Particulièrement quand ils se contentent de trousser des instrus, comme sur leurs compilations Beats for Brothels, grands cris d'amour tarifé au groove dans son plus simple appareil.

Il y a en effet, chez le Ghastly Duo new-yorkais qui redonne de la gnaque au boom bap (style de hip-hop qui mise tout sur la grosse caisse et la caisse claire) comme chez le producteur britannique qui contribua à prouver que la dance music peut être douée d'intelligence, une même aisance à manier les sentiments les plus contradictoires, de la malice – lui a samplé Gainsbourg, eux ont refait une beauté à Françoise Hardy – à l'anxiété – par l'incorporation de chants sacrés, par exemple.

L'attachement à l'asphalte et aux figures interlopes qui y font les cent pas (clochards, putes, dealers) en plus. Car le reste du temps (soit quatre albums), ces deux amis d'enfance, Matter Ov Fact et EP de leur nom de vigilantes – ils s'affublent régulièrement de capes super-héroïques – font dans le storytelling pour boîte de jazz donnant sur un terrain de streetball. Et ils le font bien mieux que la moyenne des nostalgiques de l'âge d'or du rap East coast, qui plus est en totale autonomie.

Benjamin Mialot

The Doppelgangaz [+ 2 Lyricists]
A la Marquise jeudi 27 novembre


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