Terre battue

De Stéphane Demoustier (Fr, 1h35) avec Olivier Gourmet, Charles Merienne, Valeria Bruni Tedeschi…


Viré de son poste de responsable d'un grand magasin, Jérôme (Olivier Gourmet, parfait, comme d'habitude) cherche à se remettre en selle en créant sa propre boutique de chaussures féminines. En parallèle, son fils Ugo, 11 ans, décide de se consacrer au tennis, où il développe des aptitudes prometteuses. Pour son premier long, Stéphane Demoustier, frère d'Anaïs et auteur de quelques courts remarqués, investit un territoire à la fois balisé et inédit. Les relations père / fils, le réalisme social, ça, c'est pour l'attendu. La description des efforts et sacrifices pour monter sa boîte ou pour s'accomplir dans un sport, en revanche, est plus rarement montée à l'écran.

C'est en fin de compte la réunion des deux qui donne son charme à Terre battue, Demoustier évitant certains écueils comme la projection des désirs du père sur l'avenir de son fils. Les deux sont dans des logiques de perdants et le film suit cette trajectoire très frères Dardenne — par ailleurs coproducteurs — sans en rajouter, avec une modestie qui en marque à la fois l'intérêt et les limites — à trop vouloir être modeste, il manque quand même d'envergure. Dès qu'il s'en éloigne, il est nettement moins convaincant, notamment lorsqu'il dessine maladroitement le personnage d'épouse pleurnicharde incarnée par Valeria Bruni Tedeschi, rôle particulièrement sous-écrit. Quant à la bascule dans le fait divers, on saura gré à Demoustier de ne pas s'en rendre esclave, mais de privilégier ses envies de fiction — c'est suffisamment rare en ce moment dans le cinéma français.

Christophe Chabert


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