Rires de gala

Baffrer et se bidonner entre potes devant un spectacle bien rôdé, il y a pire comme façon de fêter la Saint-Sylvestre – par exemple se goinfrer et ricaner tout seul devant un bêtisier à peine remonté. Sélection. Benjamin Mialot


Fabien Olicard

L'humour, comme le rap hardcore, est une question de contexte – à votre prochain rendez-vous galant, claquez un petit «J'vais me tatouer LOVE sur les phalanges pour te frapper avec amour», vous verrez. Dans celui d'un réveillon, nous n'avons aucun doute sur l'efficacité du spectacle de ce one-man-mentalist, quand bien même nous l'avions un peu égratigné fin octobre, désappointé que nous étions qu'il mette le supercalculateur qui lui sert de cerveau au service d'un "simple" exercice de manipulation, aussi bluffant et écrit soit-il. Oui, il nous arrive de pratiquer le coït anal avec des mouches.

A la salle Rameau à 19h30

 

Trash

Puisqu'on parle de coït, saluons la reprise pour un soir de ce qui reste à ce jour la pièce la plus couillue de Jocelyn Flipo. Dans tous les sens du terme, puisque cette romcom musicale au casting en forme de who's who du rire à crinière (Alex Ramirès, Thaïs Vauquières, Yann Guillarme...) se déroule dans le milieu pour le moins stimulant du porno. Chez d'autres, ce background ne serait que prétexte à une débauche de sous-entendus coquins et de chorégraphies lascives. Chez le metteur en scène de Dans ta bulle et Sans Valentin, il est surtout un grand réservoir d'émotions contradictoires.

A la Comédie-Odéon à 23h45

 

Alex Ramirès

L'ex-grand garçon sera bien occupé le soir du 31 puisque, non content de renfiler son legging doré de star montante du sexe amateur (voir juste au-dessus, faites un effort), il interprétera son deuxième seul en scène, Alex Ramirès fait sa crise, magnifique aveu d'angoisse existentielle déguisé en vaste entreprise de déconne pop – et conçu comme une machine à récolter des prix dans les festivals. Tant que vous y êtes ne manquez pas, juste après, Couic, le huis clos mortellement cocasse de Jocelyn Flipo (again) et Karim Duval, le plus doué des comiques déracinés.

Au Boui-Boui à 19h45

 

François Martinez

A sa création au printemps, David Copperfield, Harry Potter et moi, le baptême du feu (de la rampe) de cet ostéopathe qui a préféré le craquement des planches à celui des vertèbres, nous avait laissé un goût d'inachevé. Depuis, François Martinez a gagné en assurance et cet autoportrait en magicien du dimanche au grand cœur est, parmi les nombreux solos qui se proposent de vous faciliter le passage en 2015, l'un des plus singuliers. L'autre étant celui, à la fois intime et grivois, du violoniste homosexuel (et, encore pire, auvergnat) Jefferey Jordan – au même endroit.

Aux Tontons Flingueurs à 16h

 

Victor Rossi

Son histoire commence à être connue : chroniqueur embusqué pour une radio privée locale, Victor Rossi a fini par se rendre compte, après deux ans de bons et déloyaux services, que son kif était plutôt de mitrailler à découvert – la télévision, la finance cocaïnée ou les règlements idiots, entre autres sources d'agacement plus ou moins triviales qui l'inspirent. Ses one-man-shows partiellement improvisés (en l'occurrence le deuxième, Qui m'aime me suive) gagnent eux à l'être, tant le bonhomme y fait montre d'une perspicacité et d'un entrain peu communs.

A l'Espace Gerson à 18h


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