108 Rois-démons

De Pascal Morelli (Fr-Belg-Lux, 1h44) animation


Le cinéma français part à l’assaut du marché chinois, il est vrai en plein essor ; avant Jean-Jacques Annaud et son Dernier Loup, c’est Pascal Morelli, réalisateur du très bon Corto Maltese, qui imagine un récit original se déroulant dans la Chine impériale du XIIe siècle. L’intrigue, habile, mélange légendaire (les 108 Rois-Démons du titre, qui est aussi son MacGuffin) et complot politique, puisque l’assassinat du souverain permet à son intendant de prendre le pouvoir et d’éclipser le dauphin, gamin en surpoids recueilli par un vieux moine plein de sagesse. Se forme, pour déjouer la machination et rétablir le Prince à la tête de l’Empire, une bande de hors-la-loi fortement caractérisés — une brute au cœur tendre, une jeune guerrière aussi sexy que dangereuse, un ancien garde du corps du Roi au visage brûlé, ce qui lui vaut le surnom de «face de léopard»…

Le vrai défi du film, c’est son animation, très singulière : à mi-chemin entre les cinématiques de jeux vidéo et la motion capture — les corps sont réalistes tandis que les visages sont exagérément numériques — les personnages se déplacent dans un environnement où les matières — forêt, boue, temples de pierre — oscillent entre 2D et 3D, imitation de techniques anciennes et utilisation de technologies nouvelles. C’est à la fois déstabilisant et séduisant, tout comme l’ambition du récit lui-même, entre pur hommage geek au cinéma d’arts martiaux et divertissement jeune public de belle facture.

Christophe Chabert


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