Cosmic trip

En quasi queue de comète de Plug & Play, les étoiles vont filer dans le petit ciel du Kraspek, et ce deux soirs de suite. Au programme, pas mal de rétro-futurisme, de lo-fi ancienne ou plus ou moins assumée, et aussi pas mal de nostalgie roborative et cosmique. Soyez là : les étoiles, comme la grâce, ça file vite. Stéphane Duchêne.


Ambiances à l'éther et en flottaison mi-saison, lo-fi et lyrique tout à la fois, Julien Gasc qui a oeuvré, ce n'est guère étonnant, auprès de gens très bien comme Hyperclean et Stereolab, nous emmène sur les quatre pistes d'une drôle de forêt à «géométrie variable spontanée» comme le dirait ce bon Alexandre Astier : tantôt punk naïf (pléonasme), tantôt prog rock fascinant (pas pléonasme) ; tantôt (bonne) variété 70's, souvent et presque toujours (faussement) affectée mais recouverte d'un voile – c'est aussi cela, la philosophie lo-fi.

Gasc, dont Cerf, biche et faon – ce titre ! – est le premier album solo, s'affiche ainsi comme une sorte d'anti-Tellier qui n'aurait pas le temps de se regarder composer, écrire, enregistrer et réussirait pourtant le prodige de plaire autant aux fans du mage Sébastien qu'à ceux qui sont définitivement revenus de ses simagrées.

Gasc sera, superbement on l'imagine, précédé par Tara King Th., qui rejoue à notre époque les savoureuses passes d'armes livrées en leur temps par Lee Hazelwood et Nancy Sinatra. Avec en prime la présence, en femme fatale et flottante, de Béatrice Morel Journel, la Baby B de North Bay Moustache League et grande copine d'Arianna Monteverdi, également entendue chez les merveilleux Odessey and Oracle, récemment évoqués ici – joli petit CV.

Long distance

Le lendemain c'est un retour, pourtant régulier à Lyon, qui nous fera grand plaisir : celui d'un Benjamin Fincher en perpétuelle mutation et élévation – il n'y a qu'à voir le clip de Long Distance, tiré de son dernier album Kamishibai. Quand on a connu Fincher (et son maître d'oeuvre Jean-Baptiste Bec) à feu-Dandelyon – certains s'en souviennent sans doute – il pratiquait un genre de folk plutôt cosmique tributaire d'un certain esprit hobo (Buckley père, Elliott Smith, les beatniks et même Grandaddy) à l'acoustique soyeuse.

On écrivait alors de ce personnage inventé de toute pièce qu'il était le genre de type «à lire du Walt Whitman en se baignant sous la lune dans une mangeoire». Quelques années plus tard, au fil d'albums et EPs formant désormais une œuvre elle aussi longue distance, Fincher s'est déployé et a décollé. C'est désormais de pop cosmique qu'il s'agit et c'est désormais sur la Lune que se baigne Fincher. Et nous, dans ses ambiances. Avec une constance, cependant : ce type là, Jean-Baptiste Bec, quelle que soit la manière dont il s'y prend, a toujours eu un don pour consoler les cœurs en les ouvrant en deux.

Festival Plug & Play
Au Kraspek Myzik jusqu'au samedi 24 janvier 


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