Communiqué de presse - Réaction à la redevance annuelle d'occupation privative du domaine public


Ce lundi 19 janvier 2015, le conseil municipal de la Ville de Lyon a adopté l'instauration d'une «redevance annuelle d'occupation privative du domaine public» pour les présentoirs de journaux gratuits.

Pour des structures telles que les nôtres, modestes et fragilisées par une crise qui affecte par ailleurs notre unique source de revenus, à savoir nos annonceurs, l'acquittement d'une telle taxe est inenvisageable. Il nous faut en conséquence nous résoudre à sacrifier une part importante de notre visibilité, sacrifice qui entre en contradiction avec notre volonté d'être accessible au plus grand nombre et ne sera pas sans pénaliser nos lecteurs. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Nous en doutons fortement au regard des économies potentielles que la Ville entend réaliser via cette mesure – et de celles qu'elle réalisera véritablement une fois le fruit de notre labeur conformément caché derrière des vitrines.

Que la Ville nous impose un tel préjudice une semaine après avoir appelé, tant dans ses vœux à la presse que dans sa conduite au lendemain des funestes attentats de Paris, à la mobilisation en faveur de la liberté et de la survie de notre secteur, est pour le moins surprenant. Nous sommes d'autant plus surpris que ladite redevance a été votée sans aucune concertation avec les acteurs concernés par son application. Ironie du sort, c'est même par voie de presse que nous avons été informés de cette manœuvre qui ne contribuera qu'à fragiliser un peu plus la presse indépendante locale, là où les titres appartenant à de grands groupes de presse nationaux ou étrangers, majoritairement distribués dans le métro, pourront absorber le choc.

Compte tenu de ce qui précède, nous tenons par la présente à affirmer les soucis de qualité, d'autonomie et d'ancrage territorial qui animent nos démarches éditoriales, y compris en cette période où les baisses des budgets alloués à la publicité par nos principaux partenaires sont plus sensibles que jamais. Nos journaux ne sont pas des polluants visuels et nos présentoirs, dont nous élisons les emplacements et la disposition avec grand soin, ne sont pas des entraves à la circulation – d'autant qu'ils sont, au contraire des publications promotionnelles également visées par la redevance, soustraits au regard à la nuit tombée. Ce sont des manifestations tangibles du droit républicain à l'information, que nous mettons à disposition de nos concitoyens de la manière la moins intrusive possible et qui contribuent à la mise en valeur du dynamisme culturel, sportif et social du territoire.

Même si nous sommes conscients que la Ville traverse elle-même des difficultés économiques, imputables en grande partie au désengagement de l'État, nous estimons qu'il est plus que jamais de son devoir, en ces temps chahutés, de défendre de telles valeurs d'utilité publique. Qu'elle ait choisi de les piétiner sous cape, au risque de condamner notre existence même, n'est pas acceptable et nous espérons que les jours à venir seront féconds en invitations à discuter collégialement de cette regrettable décision. D'ici là, nous mettrons tout en œuvre pour diffuser nos craintes et nos engagements.

Les équipes du Petit Bulletin, de Spot, d'Hétéroclite et de Grains de Sel


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