Necro le boucher


«Dique-sa, vicelards ! / On a les cisailles, l'attirail / Du Marquis d'Sade ouais!» fanfaronnaient l'an passé Lord Lhus et la Doogz Brigade. Sauf leur respect, leur outillage n'est pourtant qu'un petit kit de tailleur de haies en comparaison de celui de leur confrère Necro, qui depuis quinze ans qu'il a empoigné son premier micro débite son monde en punchlines sanguinolentes façon torture porn des Balkans.

Et pour cause : c'est par la petite herse du death metal que ce quadra hailing from Brooklyn, New York, est entré dans la musique, se produisant d'abord avec son frangin Ill Bill (vu récemment à Lyon avec La Coka Nostra) en première partie d'Obituary, Napalm Death ou Sepultura, avant de greffer sans anesthésie les tropes du genre – imagerie gore, lyrics outrageux et à l'occasion quelques blast beats – à ceux du hip-hop. Pour autant, cet autoproclamé Sexorcist – nombre de stars du X apparaissant sur l'album éponyme – n'est pas uniquement l'un des rappeurs les plus provocateurs en activité, comme pouvaient l'être ses inspirateurs, Kool G et les Geto Boys, ou Eminem dans sa période tronçonneuse/matricide.

Necro est aussi et surtout un MC implacable et un autodidacte du beat au goût sûr, sur le tableau de chasse au sample duquel figurent des prises aussi remarquables que Scott Walker, The Zombies ou Serge Gainsbourg. Largement de quoi pardonner à cet épouvantail made in USA – comme Marylin Manson, il a été accusé de faire le lit du crime – les quelques fois où il confond plaisanterie grand-guignolesque et insupportable mauvais goût.

Benjamin Mialot

Necro [+ Marshall'ombre feat. One mic]
Au Transbordeur lundi 2 février


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