Une réalité de façade


Des immeubles new-yorkais plongés dans la nuit, des escalators charriant leur masse de passants urbains affairés, des façades d'immeubles autrichiens : tout cela semble réel au premier regard. Sauf que le photographe autrichien Michael Michlmayr (né en 1965 à Vienne) trompe l'œil en reconstruisant des images à partir d'autres images, les répétant ou les subdivisant en une sorte de puzzle virtuose. Chaque oeuvre est en fait l'association de plusieurs prises de vue. L'artiste a même introduit dans certaines de sa série Façades une once de théâtre : dans son hommage à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, on retrouve ainsi dans plusieurs pièces de l'immeuble imaginaire un couple jouant des scènes incongrues.

«J'aime beaucoup le cinéma et la notion de temps qu'il véhicule, déclare le photographe dans un entretien. L'idée de la séquence photographique m'a donc très vite interpellé car elle seule pouvait être porteuse de cette temporalité relative. Aujourd'hui, je peux dire que ma photographie est en fait très proche du film, peut-être à la frontière entre la photographie et le cinéma. Je vois quelques-unes de mes images comme des petits films fixes, comme un court-métrage sans interruption.» Proche parfois du travail du photographe suisse Mathieu Bernard-Reymond, Michael Michlmayr adresse aussi un amusant pied de nez à l'Ecole de Düsseldorf et aux héritiers des Becher, utilisant la même frontalité mais en la détournant de toute objectivité et de tout aspect documentaire.

Jean-Emmanuel Denave

Michael Michlmayr
A la galerie Vrais Rêves jusqu'au 21 février


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