Jozef Van Wissem : l'éternité et un luth


Amis des cotillons vocaux, des rodomontades rock et des tirelipimpons sur pédales wah-wah, passez votre chemin, vous êtes ici en danger de mort. Ou plutôt de non-mort. D'éternité, quoi. Du genre traînante, longue, surtout vers la fin, comme disait l'autre. Ceux qui ont vu Only Lovers Left Alive, chronique vampirico-arty signée Jim Jarmusch en 2014, ont sûrement encore en mémoire la musique sans âge du dénommé Jozef Van Wissem – un vieil ami et complice de Jim.

Et c'est peu dire qu'il y a une forme d'errance vampirique et de musique à caractère sacré-damné chez ce batave comptant dix albums et qui donne dans le luth à mort comme si justement cette dernière n'allait jamais venir. Ce n'est d'ailleurs pas autre chose que sous entend le titre de la BO d'Only Lovers : Concerning the Entrance into Eternity. Or la question de l'entrée dans l'éternité ne se pose chez Van Wissem qu'à travers le caractère intemporel de sa musique, sorte de post-folk baroque, intemporel et interminable car sériel, hypnotique, têtu comme de l'avant-garde qui vient du fond des âges (XVIIe, XXIe siècle, quelle différence ?).

Oui, l'éternité c'est long, mais c'est quand elle commence à vous saisir en une sorte d'ivresse infinie et indéfinissable, l'éternité, quand l'attente laisse supposer qu'il va se passer quelque chose, qu'elle devient infiniment belle et peu susceptible d'être gâtée par un jugement dernier. Bref, si à intervalles réguliers, vous souhaitez, comme il est de tradition depuis quelques millénaires, fêter régulièrement la fin du monde, il faudra compter sur quelqu'un d'autre que Van Wissem pour vous y faire danser. Mais pour la transe, il y aura toujours son ombre dans un coin.

Jozef Van Wissem
Au Sonic jeudi 29 janvier


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