TR/ST : seul, invaincu


Madame – Maya Postepski – étant partie voir ce qui se trame du côté d'Austra, c'est seul que Robert Alfons, l'autre moitié fondatrice de TR/ST a œuvré, sur un second album baptisé Joyland. Et c'est encore une fois un truc insensé qui ressort de la confiance qu'on accorde à cet homme visiblement pas si seul dans sa tête. Quand on a l'impression d'écouter du Human League chanté par Joy Division et remixé pour les clubs par le Martin Gore période indus de Depeche Mode, on se demande si c'est nous qui avons une poussée de fièvre ou Alfons.

Pourtant, sur la pochette du précédent TRST apparaissait une drôle de créature que l'on qualifiera de transformiste. Et c'est bien ainsi que TR/ST continue de vouloir (ne pas) s'affirmer : comme un genre de créature musicale hybride totale, un Frankenstein électro-pop aux segments en apparence mal cousus. En apparence, seulement. Car ce qu'on a d'emblée aimé ici, et qui prend davantage corps sur Joyland, c'est cette manière d'assumer et de mettre au même niveau des influences nobles et d'autres du type "tube du grenier" que beaucoup qualifieraient de douteuses, avec cette voix qui se fait multiple et volatile.

Parce que derrière, en plus, et c'est sûrement ce qui fait tout tenir ensemble, le Canadien sait ménager une atmosphère absolument touchante et troublante, beaucoup plus vaste que sur le précédent disque, et beaucoup plus précise aussi, comme l'oeuvre de quelqu'un qui profiterait de sa solitude pour se laisser aller à frissonner sans retenue. Prouvant ainsi au passage que parfois il vaut mieux être seul que (très) bien accompagné.

Stéphane Duchêne

TR/ST
Au Sonic mardi 17 février


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