Quelque part en Irlande, Jon, un jeune musicien, rêve de rock et de gloire, mais végète chez ses parents. Le hasard le met sur la route d'un groupe avant-gardiste dont le claviériste vient de devenir fou ; Jon le remplace au pied levé et découvre, médusé, que le chanteur ne se montre qu'avec une énorme tête en carton-pâte sur scène… mais aussi en privé ! Frank est-il un génie torturé ou un as du buzz post-Daft punk ? Et, par conséquent, Frank-le film est-il une comédie sarcastique ou un hommage à ces doux dingues qui ont construit la légende du rock'n'roll ?
Difficile de trancher au départ, tant Abrahamson brouille les pistes, fidèle à un certain esprit de la comédie british qui force le trait de la caricature tout en l'adoucissant d'un sirop émotionnel qu'on sent souvent sincère. Mais il n'arrive jamais à résoudre cette contradiction de base : peut-on faire un film aussi calibré et normé sur des personnages à ce point en dehors des clous, refusant à tout prix de vendre leur âme au music business ?
Frank pose par ailleurs une autre question, fondamentale pour quiconque s'intéresse à un si grand acteur : Michael Fassbender est-il magnétique de la tête aux pieds ou seulement en dessous des épaules ? On choisit la première option ; conséquence : n'importe quel inconnu aurait pu se glisser dans la grosse tête de Frank, ça n'aurait pas changé grand-chose à l'arrivée.
Christophe Chabert
Sortie le 4 février