Jacques Chambon dépasse les bornes


De Jacques Chambon, on connaît surtout son talent pour renouveler les figures de l'auguste et du clown blanc dans des comédies de mœurs – au sens où elles disent en creux quelque chose des déséquilibres sociaux de l'époque – à la mécanique plus huilée que le corps d'un adepte du massage Nuru. Sa prochaine création (le 6 février au Karavan, puis les 27 et 28 à la MJC Monplaisir), mise en scène par Patricia Thévenet, sera l'occasion de le découvrir sous un jour plus grave – ou de le redécouvrir, pour qui s'était laissé imprégné par la mélancolie de Plein phare.

Inspirée par les pires scissions communautaires du XXe siècle (mur de Berlin, guerres de Yougoslavie, barre de séparation israélienne...), Les Sentinelles se veut en effet «une tragédie burlesque sur l'incapacité des hommes à se reconnaître dans l'autre» mettant aux prises deux garde-frontières que rien n'oppose si ce n'est un blason sur un passeport (Chambon d'un côté, François Bourde de l'autre), un apatride (Stéphane Margot) et une mère courage (Brigitte Jouffre). Un spectacle brûlant d'actualité donc, bien que son auteur se défende de tout moralisme politique, et d'autant plus intrigant qu'il comportera des parties dansées.

Benjamin Mialot


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Un incertain Monsieur Klein