Retour à Hicksville


Une fois n'est pas coutume, le festival d'Angoulême aura été le catalyseur de quantité de querelles de clochers – de notre côté, si on se félicite de l'attribution tardive du Grand Prix à Katsuhiro Ōtomo, on reste esbaudi par le manque total d'audace qui sous-tend celle du Fauve d'Or à Riad Sattouf. Et une fois n'est pas coutume, on se dit que le meilleur moyen de les rendre caduques reste encore de relire le chef-d'œuvre de Dylan Horrocks Hicksville. Hicksville, c'est le nom d'un bled néo-zélandais dont les habitants sont tous des passionnés de BD, capables de disserter sur les mérites de tel ou tel fanzine entre deux échanges de politesse. Quand il s'agit de raconter le souvenir de Dick Burger, enfant du pays parti à la conquête de l'industrie des comics, il n'y a en revanche plus personne, au grand dam du journaliste Leonard Batts. Et il n'est pas au bout de ses surprises. Le lecteur non plus. Car sous ses airs d'enquête "twinpeaksienne", Hicksville cache bien plus : une bio déguisée de l'immense Jack Kirby, un embryon d'autofiction et, surtout, un hommage vibrant et œcuménique au neuvième art et à sa puissance d'évocation – que son auteur viendra mettre en œuvre vendredi 6 février à la librairie Expérience.

Benjamin Mialot

 

 


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