PCKRZ, fous du bulbe


Les masques, on le sait, ont la vertu de faciliter l'expression du vice. Bourgeois vénitiens s'adonnant à des libations obscènes pendant le Carnaval, fous de Dieu ratonnant des nègres le visage dissimulé par une cagoule pointue, manifestants laissant libre cours à leurs pulsions vandalistes foulard au vent... Ce ne sont pas les exemples qui manquent.

Dans le cas de PCKRZ, c'est tout aussi flagrant : quand ils ne portent pas leurs déguisements rorschachiens, Eli et Syd, les deux moitiés de ce duo villeurbannais versé dans l'art indélicat de l'électro-hip-hop timbré, sont d'une courtoisie quasi anachronique. Dans l'anonymat de leurs bouts de tissu en revanche, ils sont des boogeymen assoiffés de fluides vitaux, en particulier ceux qui suintent et giclent dans les recoins des clubs libertins – le clip de Clara, hymne onaniste que propulse une basse en dents de scie maraudée au Vitalic de Stamina, a carrément été tourné au Sun City.

A se demander quelle mouche nous a piqué de les programmer à la Fête de la musique l'an passé ? Parmi les jeunes gens avinés qui jonchent chaque année le parc des Berges, les PCKRZ étaient pourtant dans leur élément. Car il y a, un peu comme chez Grems (c'est d'ailleurs avant deux de ses compères qu'ils se produisent cette semaine) et surtout comme chez Stupeflip, quelque chose d'éminemment régressif dans cette musique répulsive à dessein, donc d'éminemment ludique. Votre cerveau reptilien, directement visé par les cadavres exquisément pop et distordus de leur premier EP (Subdoral, en écoute libre sur leur site), appréciera.

Benjamin Mialot

PCKRZ [+ MiM & Entek]
Au Périscope vendredi 27 février


<< article précédent
Bartabas en création mondiale aux Nuits de Fourvière