"Le Prince de Hombourg", souverain poussif


S’il nous reste un souvenir empesé de ce Prince de Hombourg présenté en ouverture du dernier festival d’Avignon, ce n’est certainement pas à cause de son décor. Grandiose et modeste à la fois, la scénographie avait beau s'encombrer de peu d’éléments au sol, elle habillait à merveille la cour d’honneur du Palais des Papes. C’est que le metteur en scène Giorgio Barberio Corsetti sait depuis longtemps manier les projections vidéo, autorisant notamment ici son héros à chevaucher un animal dessiné à même les murs, tout comme il a su intelligemment jouer des ouvertures de la façade.

C'est plutôt côté rythme (les 2h20 que durent la pièce ne sont pas exemptes de longueurs) et distribution que l'entreprise pêche, Corsetti semblant avoir mis toute son énergie au service du héros éponyme (Xavier Gallais), attachant rêveur qui désobéit aux ordres de son supérieur militaire et part à l’assaut de ses ennemis suédois, là où l'aréopage de personnages plus classiques qui l'entoure est interprété sans véritable allant (celui d'Anne Alvaro en tête).

Reste la langue superbement versifiée d’Heinrich von Kleist, traduite ici par Eloi Recoing et Ruth Orthmann. Elle vaut presque à elle seule la vision de cette pièce, présentée au TNP de Villeurbanne du mercredi 25 février au dimanche 8 mars.

Nadja Pobel


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