Ok Cowbell


Quand on entend quelques notes des Anglais de Cowbell, non seulement on se dit, cliché garanti, que comme 80 % des anglais depuis les années 50, ils ne sont pas nés du bon côté de l'Atlantique, mais surtout on jurerait entendre le fantôme de The Coral (vous vous souvenez de The Coral ?) ou de Gomez (vous vous souvenez de Gomez ? oui, bon, sans doute un peu moins).

Certes, ici on est au bord de la Tamise et non de la Mersey mais on fait de la même façon, comme si la rivière qui coulait à nos pieds s'appelait Mississippi et qu'on l'arpentait à l'infini comme des petits fous, mélangeant, avec une facilité déconcertante, ici sur un deuxième album baptisé Skeleton Soul, garage, soul, blues... Touchant même parfois à un sublime pop quasi bacharachien sur un titre comme Heart on the Line, parfaite embardée de douceur, voire, et c'est plus surprenant, à une touche albarno-kinksienne sur le majestueux et traînant Darkness in Your Heart.

Il y a déjà fort à faire à vouloir se plonger dans un style détaché des contraintes de l'époque – d'autant plus que nombreux sont ceux qui partagent ce fond de commerce – c'est une autre affaire que de pouvoir tenir sur la longueur d'un album une capacité à transformer l'essai en véritables chansons. Or ça, Wednesday Lyle et Jack Sandham, respectivement champion(ne) d'Angleterre de prénom et de patronyme, savent le faire mieux que beaucoup de leurs congénères accablés de lauriers. Preuve qu'autour du squelette revivaliste prêt-à-l'emploi, on peut mettre de la chair, et plus que cela, de l'âme.

Stéphane Duchêne

Cowbell [+ The Wild Sonds]
Au Trokson vendredi 6 mars


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