Haggis not dead


Tout le monde ne connaît peut-être pas le haggis. Non, pas le plat écossais à base de panse de brebis farci (n'essayez pas ça chez vous) pour lequel le poète national Robert Burns se fendit d'un "poignant" poème («Fair and full is your honest, jolly face / Great chieftain of the sausage race ! / Above them all you take your place, / Stomach, tripe, or intestines...») et qui fait l'objet d'un championnat de lancer (parce que les Écossais aiment lancer des trucs : des troncs ou un ballon de rugby comme de la panse de brebis).

Mais le haggis sauvage que les Scots, cryptozoologues à leurs heures perdues, ont inventé pour répondre par l'absurde à la sempiternelle question : «Euh, y a quoi dans votre plat là ?». Le haggis sauvage est donc une sorte de dahu local, croisement d'un yorkshire et d'un rat à pattes de poulet et mèche de jeune UMP.

Créature sauvage et lyrique, We Were Promised Jetpacks est aussi un drôle d'hybride scottish, entre teenage indie-rock emphatique, aspirations stadières (rôde parfois Coldplay) pour séquence lacrymale de série télé et post-rock vibrant, qui aurait voulu affiner sa recette sur son troisième LP, Unravelling, ou du moins en détricoter (traduction de son titre) la formule, sans doute jugée trop simple (alors que bon).

Le spectre musical s'est ainsi considérablement élargi (le downtempo Disconnecting, le surprenant Bright Minds et les claviers du "nouveau" Stuart McGachan), au point de perdre quelques aficionados en route et d'en gagner d'autres. La question revenant à se demander si, comme le haggis, à force d'ingrédients aux allures d'injonctions contradictoires, on ne perd pas en saveur, ce qu'on gagne en variété. Le pire c'est qu'on n'est pas certain d'avoir la réponse.

Stéphane Duchêne

We Were Promised Jetpacks
Au Marché Gare vendredi 6 mars


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