Total look Cure


Soko se dit à ce point hyper-sensible qu'en réaction on finit par être hyper-sensible à son hyper-sensibilité de jeune femme/artiste torturée qui semble crier au loup pour qu'on la regarde. Il n'en demeure pas moins que c'est dommage : car aussi agaçant que soit le personnage, l'"artiste", elle, n'a pas besoin de ça pour exister.

Après I Thought I Was an Alien, qui l'avait fait plus que remarquer, Soko, également comédienne, avait laissé entendre qu'elle arrêtait la musique – un musicien qui déclare qu'il va arrêter est à peu près aussi crédible qu'un Jean-Michel Aulas affirmant intransférable sa star du moment, des dollars plein les yeux.

Elle n'en a rien fait ou plutôt si, puisqu'elle en fait une autre, de musique : du folk façon "chaton violent", Soko est passée à la new-wave tubesque, Echo & The Bunnymen, The Cure (ses idoles) et Siouxsie sont entrés dans sa tête (qu'elle a aujourd'hui peroxydée façon Blondie).

Une approche pas si saugrenue : là où son folk était très ancré dans le présent, son présent, ici Soko se soigne en regardeant en arrière et se glisse donc dans le costume ad hoc de sonorités eighties, celles précisément de son enfance compliquée.

Et si affectation il y a dans les thèmes, les titres et les paroles, pour le reste, My Dreams Dictate My Reality peut se révéler assez jouissif : un album de pop qui enchaîne les morceaux impeccables pour ne pas dire envahissants.

En (sur)jouant ainsi les punkettes avec,  quand même, un peu de malice, Soko trouve peut-être ici, du moins musicalement, son plus beau rôle. Au point qu'on attend de pied ferme le prochain, en oubliant tout le reste.

Stéphane Duchêne

Soko
Au Transbordeur dimanche 15 mars


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