Chambres d'échos


Parmi beaucoup d'autres univers explorés (le nu, le rapport du corps à l'environnement urbain, la musique...), Benjamin Levesque (né en 1964) revisite régulièrement le passé, réinterprétant par exemple des œuvres célèbres de Manet, de Goya ou de Van Dyck... Á la galerie Pallade, c'est autour du premier roman de Stendhal, Armance (1827), huis clos romantique entre Armance et Octave («Oui chère amie, lui dit-il en la regardant enfin, je t'adore, tu ne doutes pas de mon amour ; mais quel est l'homme qui t'adore ? c'est un monstre» déclare Octave, atteint d'un mal mystérieux), que s'est mis à rêver l'artiste.

Á le rêver à travers des techniques diverses et parfois singulières (fusain, aquarelle, collage de feuilles d'or ou d'argent, poudre pigmentaire...) et des plans picturaux successifs et translucides. Les nombreuses représentations des chambres des protagonistes de Stendhal se parcourent ainsi du regard à travers des brumes oniriques vaguement éclairées par de faibles lueurs.

Espaces hantés et en décrépitudes, ces chambres ne cessent d'ouvrir et de creuser leur propre "dehors" intime. Pour perturber (et enrichir) la vision de ses œuvres, Arnaud Levesque n'hésite pas aussi à user de coulures ou de petits motifs ajoutés (arabesques, mosaïques, éléments abstraits...).

Le huis clos devient avec lui chambre aux nombreux échos plastiques, ruines du passé ranimées par le travail du rêve.

Jean-Emmanuel Denave

Benjamin Levesque
Jusqu'au samedi 14 mars à la Galerie Anne-Marie et Roland Pallade


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