Sur le bout des doigts


Le niveau d'un pratiquant de StarCraft II – ou de tout autre jeu de stratégie en temps réel susceptible de faire l'objet de compétitions e-sportives – se mesure notamment au nombre d'actions (associées à un clic ou un raccourci clavier) qu'il peut effectuer en une minute. Les plus doués plafonnent aux environs de 300 – soit cinq actions par seconde, déjà de quoi faire passer les dactylos de Mad Men pour des digital immigrants découvrant le QWERTY.

Abraham "araabMUZIK" Orellana aurait pu connaître une carrière florissante dans le monde fascinant et néanmoins un peu creepy du pro-gaming, s'il n'avait choisi de tapoter à vitesse grand V un tout autre type de touche. En l'occurrence les pads d'une MPC, ce clavier tout-en-un (séquenceur, sampler, tape-taupe) qui est au hip-hop ce que le piano est à la musique classique et avec lequel il s'est fait connaître en shredant et rapiéçant façon Frankenstein sous intraveineuse de taurine les musiques les plus discutables du moment (dubstep, EDM, trap...).

Le reste du temps, ce natif de Providence produit du beat à la chaîne pour tous les big players de la côte Est (50 Cent, Busta Rhymes, A$ap Rocky, …), mais aussi à son propre compte, le long d'albums qui, sous des airs un peu austères de portfolios – deux d'entre eux s'intitulent carrément For Profesionnal Use Only – n'en démontrent pas moins un impressionnant sens du recyclage (ici une mélodie de Korn, là un sample des Supremes, ailleurs des antiennes de jeune fille en trance) et de l'euphorie downtempo. Du travail d'arabe donc, mais d'avant la colonisation.

araabMUZIK [+Nestor Kéa]
Au Kao mercredi 11 mars


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